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Interview de Christophe, accompagnateur en montagne
Interview de Christophe, accompagnateur en montagne depuis 7 ans, membre de l'agence Destinations Queyras.

Quelle formation faut-il suivre pour devenir accompagnateur en montagne ?
Il y a eu un changement entre le moment où j’ai passé les épreuves et le cursus actuel.
Pour se présenter, il faut dans un premier temps fournir une liste de courses, pour prouver qu’on a un minimum d’expérience en montagne sur différents massifs, et sur des randonnées de difficultés différentes. Ensuite, il faut passer l’examen probatoire qui permet d’entrer dans la formation. L’examen comporte des épreuves physiques, des épreuves techniques et un entretien. Une fois réussi, on rentre dans un cursus de formation avec des unités de formation à valider, un stage en situation puis, pour terminer, un examen final.
Qu’est-ce que tu as ressenti lors de ton premier séjour en tant qu’accompagnateur en montagne certifié ?
La première chose, c’est le plaisir de partager sa passion pour la montagne. La première sensation que j’ai eue c’est de me dire : ça y est tu es avec le groupe, avec des gens que tu ne connais pas pendant une semaine. C’est à toi de les amener à ce que tu aimes, de leur faire partager ta passion, de les faire vibrer. Moi, c’est ce qui m’a donné envie de devenir accompagnateur et ce qui me donne toujours envie.
Quelles sont les trois qualités que doit avoir un accompagnateur selon toi ?
Je dirai qu’il faut aimer le contact humain, aimer ce qu’on fait et avoir envie de partager sa passion. Quelqu’un qui n’aime pas marcher et raconter ce qu’il voit, ce sera compliqué pour lui d’être accompagnateur. Il faut aussi être leader puisque les gens se reposent sur toi, c’est toi qui dois les emmener, tu gères le timing. Je pense qu’il ne faut pas être trop effacé.
Quel est le rôle de l’accompagnateur durant le séjour ?
L’accompagnateur est présent pour toute la partie sécurité : gérer le groupe dans les passages difficiles, donner du rythme, gérer les temps de marche et de pause pour que physiquement les membres du groupe puissent s’adapter à la randonnée. Surtout, l’accompagnateur est là pour faire connaître son territoire, son milieu et sensibiliser les gens.
L’accompagnateur apporte une réelle valeur ajoutée au séjour. Sa présence permet de créer de nombreux échanges qui sont autant enrichissants pour lui que pour les membres du groupe. Rien ne vaut un séjour accompagné !
L’accompagnateur a-t-il également une responsabilité envers le territoire qu’il traverse, notamment lorsque c’est un parc naturel régional?
Evidemment ! Lorsque tu es dans un parc, tu dois avoir conscience qu’il y a des valeurs à respecter. Les valeurs prônées par les parcs naturels sont des valeurs que les accompagnateurs partagent : faire vivre son territoire et le représenter, c’est notre rôle. Nous avons un devoir de sensibilisation au sein de ces milieux naturels sur la partie écologique. Par exemple, au moment du pique-nique du midi, il faut expliquer aux gens qu’il ne faut pas jeter la peau de banane car cela peut perturber le régime alimentaire de certains animaux. L’accompagnateur est une interface pour que les gens fassent un lien entre ce qu’ils voient et la compréhension du milieu dans lequel ils évoluent durant la semaine. Notre présence leur permet aussi de ne pas passer à côté d’éléments caractéristiques qui permettent de comprendre l’identité du territoire.

Selon toi, est-ce important pour un accompagnateur d’être spécialiste d’un territoire ? Quels sont tes secteurs de prédilection ?
Je pense que c’est important de connaître le territoire sur lequel on évolue, c’est réellement nécessaire, c’est mieux et c’est plus vivant. Après, le risque d’être très spécialiste d’un territoire, c’est de s’y enfermer. Il faut être aussi capable de voir ailleurs. En agence ou en séjour, on a des gens qui arrivent de toutes les régions, qui ont fait d’autres séjours. Plus on connaît de choses, plus c’est enrichissant de discuter avec eux, d’échanger sur d’autres séjours ou de les inciter à découvrir d’autres lieux.
Concernant mes spécialités, je tourne beaucoup dans les Alpes, surtout les Alpes du Sud, le Queyras, l’Ubaye, les Ecrins et par mes diverses pratiques, je connais aussi un peu la Vanoise, les Pyrénées, la Corse, les Calanques.
Comment gère-t-on les différences de niveaux dans un groupe ?
Soit on a vraiment des personnes qui ne sont pas du tout au niveau donc il faut arriver à faire accepter aux autres que quelqu’un avance moins vite, on essaye d’adapter le rythme du groupe à cette personne là et si il y a vraiment trop d’écart on peut encourager la personne à faire une petite pause dans le séjour pour se reposer. À l’inverse, si certains membres du groupe ont un niveau un peu au-dessus, on peut les laisser partir un peu devant. En général, ça se passe plutôt bien et on arrive à s’adapter facilement.
Quelle est la différence pour un accompagnateur d’encadrer un court ou un long séjour ?
Ce sont deux approches complètement différentes. En dessous de trois jours, il faut être à 200% sur les trois jours donc ça peut faire beaucoup d’informations à emmagasiner pour le groupe en peu de temps. Sur une semaine, on a plus le temps de partager. Personnellement, j’aime bien aussi laisser aux gens qui en ont besoin du temps pour eux, ne pas parler pendant deux à trois heures pour se retrouver intérieurement.
Peut-on dire que la vie d’accompagnateur est difficile ?
Oui, c’est dur. Moi, j’ai la chance d’être salarié donc au niveau de la stabilité de l’emploi, c’est plus facile. Lorsque tu es indépendant, c’est beaucoup plus compliqué, il faut aller sur le terrain de manière très régulière pour arriver à se tirer un salaire. Côté physique il faut assurer pour enchaîner les séjours, et côté vie privée, la situation peut être compliquée quand tu es toujours à l’extérieur.
Ce métier est vraiment lié à la saisonnalité. La grande majorité des accompagnateurs ont plusieurs activités professionnelles.
Le mot de la fin ?
On fait ce métier par passion et pouvoir travailler de sa passion, c’est juste formidable !